Au Bourget, entre innovations technologiques, souveraineté industrielle et enjeux géopolitiques

Un rendez-vous mondial incontournable

Du 16 au 22 juin 2025, le parc des expositions du Bourget a accueilli la 55e édition du Salon international de l’aéronautique et de l’espace (SIAE), confirmant son statut de plus grand événement mondial dédié aux industries aéronautiques, spatiales et de défense. Réservé aux professionnels jusqu’au vendredi, puis ouvert au grand public le week-end, le salon a attiré 300 000 visiteurs et réuni 2 400 exposants issus de 48 pays.

Au-delà des démonstrations spectaculaires – 210 prévues sur la semaine – et des 150 aéronefs exposés, cette édition se démarque par l’intensité de ses annonces commerciales, les débats stratégiques sur la souveraineté industrielle européenne, ainsi qu’une forte coloration géopolitique.

Une pluie de contrats pour Airbus, le silence pesant de Boeing

Dès la journée d’ouverture, Airbus a annoncé plusieurs contrats d’envergure, confirmant sa domination dans le ciel européen et au-delà :

• 25 A350-1000 commandés par Riyadh Air, pour un montant théorique de 9 milliards de dollars.
• 30 A320neo et 10 A350F signés avec AviLease, loueur saoudien, pour 7 milliards de dollars.
• 24 A321neo et 3 A321XLR pour la compagnie japonaise ANA.
• 40 A220 commandés par la compagnie polonaise LOT, marquant son premier contrat avec Airbus.

De son côté, Boeing est resté en retrait, n’annonçant aucune commande majeure en raison du crash récent d’un 787 d’Air India. Une absence remarquée qui a laissé le champ libre à son concurrent européen.

Les tensions géopolitiques s’invitent dans les halls

Le salon est marqué par une décision politique forte : la fermeture de stands d’industriels israéliens de l’armement, décidée par le gouvernement français. Cette mesure a suscité une vive polémique, dénoncée par le président israélien comme une décision « scandaleuse ». L’ambassadeur d’Israël a, quant à lui, rappelé que les armes exposées étaient utilisées par de nombreux pays européens.

Par ailleurs, les élus de Seine-Saint-Denis ont boycotté la venue du Premier ministre François Bayrou en protestation contre la présence d’entreprises israéliennes, ajoutant à la tension diplomatique ambiante.

Les grands enjeux : décarbonation, souveraineté, montée en cadence

Plusieurs interventions ministérielles ont souligné les enjeux industriels et stratégiques du secteur. Stéphane Séjourné, commissaire européen à la stratégie industrielle, a insisté sur l’importance de soutenir la filière aéronautique européenne face aux défis de compétitivité.

La transition énergétique a également été au cœur des discussions, notamment avec les objectifs ambitieux fixés par l’OACI et l’Union européenne en matière de carburants durables (SAF). L’innovation dans les biocarburants, les moteurs hybrides et l’aéronautique électrique figure désormais parmi les priorités de nombreux exposants.

Sur le plan spatial, la France a réaffirmé sa volonté d’indépendance technologique. Le développement d’une nouvelle usine MaiaSpace à Vernon illustre cet engagement, appuyé par quatre ministres dans une tribune conjointe.

Start-up et souveraineté industrielle

Le salon a également mis en lumière les nouvelles dynamiques de l’industrie, notamment à travers la vitrine « Paris Air Lab », dédiée aux innovations des start-ups françaises. Le projet de drone explosif low-cost développé par MBDA a particulièrement retenu l’attention, symbolisant l’évolution vers une défense agile et souveraine.

La fragmentation du tissu industriel français – composé de nombreux sous-traitants fragiles – a été pointée du doigt dans une tribune du BCG, appelant à la structuration de champions technologiques intermédiaires capables de soutenir l’effort de montée en cadence.

Une édition riche, un rayonnement intact

Malgré les tensions diplomatiques et les défis du secteur, l’édition 2025 du Salon du Bourget confirme l’attractivité de la France comme acteur central de l’aéronautique mondiale. Innovations, commandes record, démonstrations spectaculaires et débats stratégiques ont rythmé cette semaine intense.

Plus qu’un salon professionnel, le Bourget reste une vitrine de l’excellence industrielle française et européenne. Un rendez-vous qui, tous les deux ans, façonne l’avenir du ciel.

Benoît Serpin

Expert reconnu en développement économique, Benoît possède de nombreuses années d’expérience dans l’accompagnement de projets d’implantation. Sa connaissance approfondie des territoires et des opportunités de subventions fait de lui un atout inestimable pour votre réussite d’implantation.